1924 ‑ 2004
Gillet a toujours fait confiance aux galeries. Comme d’autres peintres et sculpteurs de sa génération, il n’imaginait ni ne souhaitait d‘autres circuits pour faire connaître son travail. Passeurs indispensables, elles soutenaient les artistes et les ont accompagnés.
1951-1957
Gillet participe à plus de vingt expositions collectives dans des galeries parisiennes.
Dans les années 1950, de nouvelles galeries ouvrent à Paris
(1).
Elles sont souvent conseillées par des critiques influents qui sont, de fait, des commissaires d’expositions :
Michel Tapié invite Gillet au studio Facchetti en 1952, chez Marcel Evrard à Lille en 1953 (avec Georges Mathieu), puis galerie Rive Droite en1954 et enfin pour l’exposition inaugurale de la galerie Stadler en 1955. Charles Estienne organise le Salon d’octobre en 1953 à la galerie Craven, Gillet y participe et a sa première exposition personnelle dans cette galerie en novembre de la même année. En 1955 Charles Estienne expose Gillet pour Alice in Wonderland à la galerie Kleber qui deviendra la galerie Jean Fournier.
Edouard Jaguer, fondateur de la revue Phase, expose R.E. Gillet lors d’expositions collectives en 1954 à la galerie Facchetti et en 1955 à la galerie Creuze.
En 1956 et 1957 Gillet est présent à la galerie Arnaud dans le cadre de l’exposition Divergences 4 présentée par Herta Wescher et Divergences 5 présentée par Michel Ragon.
De jeunes galeristes, moins dépendants des critiques, ont leur propre regard pour l’organisation de ces expositions de groupe.
En 1950 la galerie M.A.I.(2) expose Gillet avec François Arnal, Maurice Ronet, Serge Rezvani… A 23 ans en 1947, Jean François Jaeger prend la direction de la galerie Jeanne Bucher. Gillet y expose en 1955 et noue à cette occasion une amitié avec Louis Nallard.
Guy Resse crée la galerie La Roue en 1953, et invitera Gillet à 3 reprises.
Claude Bernard inaugure sa galerie en 1957 et pour sa deuxième exposition invite 17 peintres, dont Gillet, à présenter des gouaches et aquarelles. Pour situation II de la peinture en 1955, Jean Pollak expose Gillet à la galerie Ariel ce sera le début d’une longue collaboration.
Galerie de France (3) 1956 -1963
premier contrat dans une grande galerie.
En 1956, Gillet est le lauréat du prix Catherwood qui se tient à la galerie de France dirigée par Gildo Caputo et Myriam Prévôt qui lui proposent un contrat. Les premières années, le contrat sera partagé avec la toute jeune galerie Ariel.
La galerie de France présente de grands artistes reconnus : Hans Hartung, Alfred Manessier, Zoran Music, Édouard Pignon, Pierre Soulages, Zao Wou-ki… Mais fait aussi entrer quatre jeunes peintres : Alechinsky, Gillet, Levée et Maryan.
Après une première exposition de groupe en 1958 Gillet-Levée-Maryan, Gouaches et Aquarelles, Gillet a 3 expositions personnelles en 1959, 1961, 1963 (en 1961 avec un catalogue et un texte de Jean Grenier et de Pierre Alechinsky).
La galerie de France, extrêmement influente et active, construit un réseau solide et diversifié dont Gillet bénéficiera. Cela se traduit par :
la présence de Gillet dans des expositions de groupe :à la galerie Charpentier (École de Paris chaque année) au Salon de mai (Gillet y expose à partir de 1955 et entre au comité en 1961), à la Redfern gallery (Londres), à la galerie KB (Oslo), à la galerie Birch (Copenhague), à Nova Spectra (3bis) de Jan Segaar (La Haye) à la Marlborough‑Gerson gallery (New York) ,à la galerie Métropole (Malmö), à la galerie Moos (Genève), à la Galerie Bussola (Turin). En 1961, Gillet est avec Myriam Prévôt à New York pour son exposition personnelle à la Lefebre gallery, et a, la même année, une exposition personnelle à la Galerie Blue de Milan.
Des ventes à des institutions : au MNAM à Paris (1957, 1960 et 1963), au musée d‘Oslo (1958), au Palais des Beaux‑arts de Lille (1957).
Des ventes à des collectionneurs français et étrangers qu’elle invite régulièrement. (Collection Ahrenberg (4), Sonja Henie (5)...)
Des contacts avec la presse : articles importants de Denys Chevalier (Revue du XX° siècle, n°16, mai 1961) de Jean Grenier (Revue du XX° siècle, n°12, mai 1959) de Michel Ragon et Georges Boudaille dans Cimaise.
Des relations publiques par les diners de vernissage mais aussi par des actions ponctuelles dont les photos de l’appartement de Myriam Prévôt photographié dans L’œil de décembre1958 avec un tableau de Gillet.
1964 - 2002
Jean Pollak de la galerie Ariel : une amitié (6).
Dans le milieu des années 1960 d’importants changements économiques et esthétiques dessinent un nouveau paysage des galeries parisiennes. Gillet s’éloigne de l’abstraction, Jean Pollak a suivi cette évolution et reprend en 1964 le contrat de Gillet. Pendant 40 ans ce marchand et ami lui permettra de peindre en toute liberté.
En 1964 Jean Pollak déménage de l’avenue de Messine au boulevard Hausmann et inaugure ce nouveau lieu avec une exposition manifeste 15 peintres de ma génération.
Beaucoup d’entre eux sont des amis proches : Alechinsky, Bitran, Doucet, Marfaing, Maryan, Messagier, Mihailovitch, Rebeyrolle…
Autour de Jean Pollak, de fidèles admirateurs de Gillet se constituent une belle collection dont Philippe Embiricos, Thomas Neirynck, Jean Pierre Géraut, Antoine Javal , Stéphane Janssen… Ces deux derniers ouvriront leur propre galerie avec notamment des peintres de chez Ariel (7).
Dans sa galerie, Pollak organise une vingtaine d’expositions personnelles de Gillet accompagnées de catalogues préfacés par des critiques ou écrivains tels Charles Estienne, Max Pol Fouchet, Lucien Curzi, Guy Marester....
Par son goût et sa connaissance du mouvement Cobra, Jean Pollak s’est lié avec des galeristes d’Europe du nord où Gillet expose régulièrement, en particulier à la galerie Nova Spectra (La Haye), mais aussi à Bruxelles, Copenhague ; Oslo, Silkeborg…
En Italie, la galerie Lorenzelli à Bergame organise 2 expositions de Gillet dont celle autour des musiciens en 1978. Quant aux États‑Unis, ce sont les tableaux du collectionneurs Stéphane Janssen, résidant désormais en Arizona, qui sont présentés ainsi que la série La marche des oubliés à Scottsdale et à l’université d’Oklahoma.
Bien que peu connecté avec les institutions, Jean Pollak y organisera des expositions de Gillet : au musée Galliera, en face face avec Dodeigne (1971), une rétrospective dont Anne Tronche est commissaire au CNAP(1987) et au musée de Saint‑Priest la série La marche des oubliés (1989).
Assez réticent au système des foires Pollak participera néanmoins à quelques Fiac et y organisera 3 expositions personnelles de Gillet en 1987, en 1989 avec les 9 grands formats de la marche des oubliés et en 1994 avec les Bateaux ivres.
La galerie Ariel soutient la publication de deux monographies de Gillet (éditons Guyot en 1980 et éditions de l’Amateur en 1994).
Deux grandes fêtes d’anniversaire organisées par Thérèse Gillet dans leur maison témoignent de l’amitié entre Pollak et Gillet tous deux nés en 1924, l’une à Sens en 1974 l’autre en 1994 à Saint‑Suliac.
En 2011, Pollak disperse dans une vente chez Artcurial des tableaux importants de sa collection, 4 œuvres de Gillet y figurent
dont Une soirée chez Pollak.
1999 Galerie Henry Bussière,
un marchand et un éditeur.
Henry Bussière ; très intéressé par les éditions d’art travaille pour l’atelier de gravure Lacourière-Frélaut et à la fin des années 1980 présente également de la peinture dans leur local du Marais. En 1990 la galerie prend le nom de son directeur Henry Bussière et présente de jeunes artistes mais également Gillet :
5 expositions personnelles dont en 1995 celle autour du Journal avec l’édition d’un livre en fac‑similé qui reproduit 80 encres.
Tirages en bronze de la série des 15 mutants et exposition en 1994 avec un catalogue.
Organisation de la rétrospective à Sens en 1999 50 ans de peinture, publication d’un catalogue avec des textes de Lydia Haranbourg et Louis Delédicq.
En 1999 édition des Oubliés de l’Arche, 21 gravures au carborundum accompagnées d’un texte de Lydia Harambourg.
Galerie Guigon, 1997 2017 :
Gillet avec une nouvelle génération.
Yves Guigon, gendre de Gillet, découvre la peinture par la fréquentation des artistes amis de son beau-père lors de week-end festifs dans la grande maison de Sens entre 1970 et 1981.
En 1997 Guigon transforme le local de son entreprise de menuiserie rue de Charenton en galerie et expose de jeunes peintres et sculpteurs (Michel Potage, Thomas Fougeirol, Denis Monfleur…)
A partir de 2002 il présente Gillet ainsi que des peintres de la même génération dans des expositions accompagnées de catalogues.
10 expositions personnelles présentent Gillet par période Terre sans pain pour les années- abstraites, Figures voilées pour le passage de l’abstraction à la figuration (2002) ou par thèmes avec les tempêtes (textes de Ronan Barrot et Michel C Thomas 2006), les Apôtres (2009)… La galerie montre également des aspects peu connus de son travail comme les oeuvres sur papier (2006 et 2014) ou des œuvres atypiques dans l’exposition Gillet l’insolite.
20 expositions collectives, certaines réunissant des amis de Gillet : Gillet Nallard (2013), Gillet Maryan Pouget (2016) , Hommage à Jean Pollak, 15 peintres de ma génération d’autres confrontant Gillet à une jeune génération dans des accrochages collectifs comme 10 ans, états des lieux en 2007 ou ’Olympia et Cie (2014)
La galerie montre Gillet hors les murs : En 2003 lors du Salon Art‑Paris l’exposition La grande dérision où la présentation du Prétoire est très remarquée de la critique.
…Je garderai un excellent souvenir de vous en 2005 au Musé Estrine de Saint Rémy de Provence et une rétrospective à la propriété Caillebotte à Yerres en 2009.
En 2015 une exposition des œuvres de 1980 à 2000 au Clos des cimaises à Saint Georges du bois.
Par ailleurs la galerie, avec Marion Gillet Guigon, consolide les relations avec les musées pour des projets d’expositions ou des donations.
Une histoire à poursuivre : La relecture des artistes de la deuxième moitié du XX° siècle.
Actuellement des peintres et des sculpteurs de la deuxième moitié du XX° siècle, en marge des grands courants, sont revus par quelques musées et galeries :
MNAM Pompidou
En mai 2020 le parcours dans les collections du Musée d’Art Moderne au 5 ° étage du centre Pompidou permet de découvrir dans le premier volet une dizaine de Galerie dont la galerie de France avec une œuvre de Gillet (8).
Applicat‑Prazan (2018‑2019)
En octobre 2018 Franck Prazan présente un tableau de Gillet dans le cadre de l’exposition Le grand œil de Michel Tapié à la Fiac, et en mai 2019 pendant 6 mois Justice 2 chefs d’oeuvres de R.E. Gillet entourés de 6 tableaux de la série des Apôtres. Un des deux grands formats, les juges, a été présenté en mars 2020 à la Téfaf de Maastricht.
Nathalie Obadia (Depuis 2021)
La galerie Nathalie Obadia présente des artistes contemporains mais aussi des figures importantes du XX° siècle comme Shirley Jaffe , Josep Grau‑Garriga , Eugène Leroy, Martin Barré… En juin et juillet 2021 Nathalie Obadia présente 15 tableaux emblématiques à Paris.
Voir le communiqué de presse de janvier 2021 pdf
Depuis la galerie présente régulièrement R.E. Gillet dans les grandes foires en France et à l’international.
Du 29 mai au 27 Juillet la galerie présente pour le centenaire de Gillet « une figuration Autre »
voir la présentations pdf
Rodolphe Janssen (Depuis 2021)
Rodolphe Janssen a fondé sa galerie en 1991 à Bruxelles, il a depuis organisé plus de 250 expositions d’art contemporain. En juin 2021 il organise avec le Janssen trust l’exposition "Stéphane Janssen - Roger-Edgar Gillet, une amitié de 40 ans". En janvier 2024 la galerie commémore le centenaire de la naissance de Gillet en intitulant son exposition "Roger‑Edgar Gillet 1924-2024"
Petzel
La galerie présente des artistes internationaux dans ses 2 galeries de New York. En novembre 2022 Friedrich Petzel organise "Roger‑Edgar Gillet 1965‑1998" dans son espace de Upper East Side et montre 2 grands formats dans son espace de Chelsea. À cette occasion il édite un catalogue préfacé par Raphaël Rubinstein.
En 2024, à la Tefaf New York : solo show de R.E. Gillet sur le stand de la galerie.
LES SOURCES
(1) | Pour plus d’informations sur ce sujet voir “les galeries d’art contemporain à Paris : une histoire culturelle du marché de l’art
1944‑1970 par Julie Verlaine, Publications de la Sorbonne. 2012. Voir aussi la vision des galeries par Thérèse Gillet dans la rubrique textes Thérèse parle des années 50. L’École de Paris 1945‑1965 Dictionnaire des Peintres. Lydia Harambourg. Idées et calendes ‑ 2010. |
(2) | M.A.I : Meubles, Architectures, Installations. |
(3) |
Sur la galerie de France voir : IMEC (Abbaye d’Ardenne)
fonds galerie de France confié par Catherine Thieck en 1987. Bibliothèque Kandinsky - Centre Pompidou, fonds Raimond Herbet. Cimaise n° 73 juin 1965 “galerie de France“ page 11 à 23 Cimaise n° 205 avril 1990 Hommage à Gildo Caputo. |
(3bis) |
Jan Nieuwenhuizen Segaar ouvre la galerie Nova Spectra en 1960 et présente des artistes Cobra mais aussi en collaboration avec la Galerie Ariel et la Galerie de France : Alechinsky ,Bitran, Gillet , Maryan Pouget.
https://jan-nieuwenhuizensegaar.be/ |
(4) | La collection Ahrenberg a été constituée dans les années 50 puis saisie par l’état Suédois et en partie vendue en 1963. |
(5) | Célèbre patineuse artistique norvégienne, collectionneuse qui a donné de nombreuses œuvres à un musée qui porte son nom. |
(6) |
Sur la Galerie Ariel voir :
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(7) | Antoine Javal ouvre la galerie Erval rue des Beaux‑arts en 1978 il y présente 3 expositions d’oeuvres sur papiers de Gillet. Stéphane Janssen crée la galerie “la Balance“ en 1967 qui devient “galerie Stéphane Janssen“ en 1969, il la fermera à la fin des années 1970 pour vivre aux USA avec 120 tableaux de Gillet. |
(8) | En 2020 après le deuxième volet de cette exposition un ouvrage a été publié : Les Cahiers du musée dArt Moderne Hors série octobre 2020 :20 galeries du 20 |
Pour d’autres illustrations voir aussi les onglets expositions et bibliographies de ce site.