1924 ‑ 2004
Roger‑Edgar Gillet nait à Paris en 1924, ses parents, originaires des Vosges, travaillent à l’hôpital Saint-Anne, elle le jour, lui la nuit. Ils rêvent que leur fille soit institutrice (elle le sera) et le fils gendarme. Échouant au certificat d’étude il entre au collège de l’école Boulle ou il apprend la gravure sur médaille. A l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Il admire Bonnard, Vuillard puis Kandinsky et Mondrian. En 1947 donne des cours de dessin à l’académie Julian ou il rencontre Thérèse qu’il épouse en 1950.
Travaille à Paris comme décorateur, mais abandonne cette activité pour se consacrer à la peinture. Ce sont les années abstraites marquées par la rencontre avec les critiques Charles Estienne et Michel Tapié. Celui-ci l’expose en 1952 pour Un Art Autre et en 1953 à la Galerie Evrard à Lille avec Georges Mathieu. La même année, première exposition personnelle à la galerie Craven à Paris. Reçoit le prix Fénéon en 1954 et le prix Catherwood en 1955 qui lui permet de voyager quelques mois aux États-Unis. Il a un regard critique et ironique sur le pays, la fréquentation des musées le réconforte. Cependant le regard du cardinal Fernando Nino de Guevara du Gréco au Métropolitan Muséum le trouble et il rentre à Paris avec le sentiment qu’il doit retrouver cette présence dans sa peinture
Exposition personnelle en 1956 à la galerie Ariel, fondée par Jean Pollak qui présentera Gillet régulièrement (plus de 15 expositions personnelles). En accord avec Jean Pollak, en 1957, la galerie de France prend une partie du contrat de Gillet puis l’ensemble. Elle présente Hartung, Manessier, Music, Pignon, Soulages et fait entrer 4 jeunes peintres : Alechinsky, Maryan Levée et Gillet qui a 3 expositions personnelles à Paris (59, 61, 63) et une exposition à New York en 1961. La galerie de France défend activement ses artistes : Gillet expose en Europe et entre au comité de sélection du Salon de Mai en 57. Sa peinture quitte progressivement l’abstraction évoquant un monde animal imaginaire puis les premiers portraits.
En 1964 quitte Paris pour la région de Saint-Malo. Il peint des personnages suggérés puis plus expressionnistes : Marilyn, le tiers Monde, la fête chez Pollak, des tas de gens. Travaille exclusivement avec Jean Pollak qui dés 1965 expose les premiers personnages avec un catalogue préfacé par Charles Estienne. Réalise 12 gravures illustrant La Nymphe des rats, poèmes de Salah Stétié. Se rend à Cuba en 1967 avec le comité du Salon de Mai et participe à la réalisation d‘une fresque collective à la Havane avec notamment ses amis : Adami, Bitran, Rebeyrolle, Messagier… Expose en Italie, à Munich et à Bruxelles à la Galerie Stéphane Janssen.
Près de Sens, dans l’Yonne, avec sa femme et ses 4 enfants, ils rénovent une ferme et y inviterons de nombreux amis. Dans un bel atelier, il travaille sur une série de grands formats : Les Épousailles des nains, et aborde des thèmes tels que : les Bigotes, Les Juges, les Musiciens. Exposition avec le sculpteur Eugène Dodeigne au Musée Galliéra à Paris en 1971. Pour la SACEM réalise en 1978 une peinture murale : le Grand Orchestre. Les dessins préparatoires sont exposés à la Galerie Erval. La galerie Nova Spectra, à La Haye, l’expose en 73, 76, 80, 81.
Revient vivre à Paris mais passe tous les étés à peindre près de Saint-Malo. Poursuit sa recherche sur les personnages et en parallèle aborde de nouveaux thèmes : Villes, Prisons et Palais, Natures mortes…Rétrospective au Centre National des Arts Plastiques à Paris en 1987 (catalogue préfacé par Anne Tronche et Gérald Gassiot-Talabot). Entreprend la série des Mutants (peintures et sculptures) qui évolue vers la Marche des Oubliés, grands tableaux évoquant le bicentenaire de la révolution et exposés par la Galerie Ariel à la FIAC en 1989, Stéphane Janssen organise deux expositions aux USA : Musée de l’université d’Oklahoma et au Centre des Arts de Scottsdale (1990).
Peint des paysages maritimes qui, sous le titre Tempêtes et Bateaux Ivres, sont présentés à la Fiac en 1994 par la Galerie Ariel. Invite, en Juillet 1994, ses amis à Saint‑Suliac pour fêter avec Jean Pollak leurs 70 ans et 50 ans de collaboration. Parution aux éditons de l’Amateur d’une monographie avec un texte de Philippe Curval. Expositions personnelles à la Galerie Henry Bussière (93, 94, 95, 97), la Galerie Duchoze à Rouen (96, 97, 99) et la Galerie Fred Lanzenberg de Bruxelles.
Pendant l’été 95 réalise une centaine de dessins publiés sous le titre de Journal ce qui l’incite à reprendre l’étude des personnages : Les Demoiselles d’Avignon, les Apôtres et en 98 la Danse. Rétrospective « 50 ans de peinture », Sens, 1999. Édite un livre de 21 gravures les Oubliés de l’Arche. Texte de Lydia Harambourg. A partir de 2000 de très graves troubles de la vue l’empêchent de peindre... En 2002, deux expositions personnelles présentent les années abstraites : 10 tableaux majeurs des années 50 à La Galerie Ariel et Figures Voilées à la Galerie Guigon qui, en 2003 à Art Paris présente sous le titre « la grande dérision » les œuvres des années 70 et suivantes. Décède en Octobre 2004 à Saint‑Suliac.
L’association créée par Roger‑Edgar Gillet fait vivre son œuvre en recensant les peintures et dessins, par la création d’un site internet (roger-edgar-gillet.com) et en facilitant les expositions : depuis 17 ans R.E. Gillet a été présent dans 80 expositions collectives et a eu 15 expositions personnelles (dont 7 à la galerie Guigon).
En 2021 la galerie Nathalie Obadia présente Gillet à Paris et Rodolphe Janssen à Bruxelles.
Récemment des oeuvres de Gillet sont entrées dans les collections du Musée d’Art Moderne / Centre Pompidou, au Musée des Beaux‑Arts de Rennes ; au LAAC de Dunkerque, au Musée Estrine de Saint-Rémy de Provence et au Musée des Beaux‑Arts de Lyon.