Roger‑Edgar Gillet
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texte Jean Pollak "15 Peintres de ma génération" 1964

Extrait de la préface du catalogue « 15 peintres de ma génération »
édité à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle Galerie Ariel.


Je continue de penser que la peinture se regarde comme par le passé, qu’il ne faut pas d’autres yeux, ni d’autres connaissances pour apprécier une peintures actuelle qu’il n’en faut pour Bonnard, Goya ou Piero della Francesca.


En un mot je ne crois pas à un art « autre ». Ce qui crée la confusion à mon avis, c’est que très peu de gens s’occupant de peinture sont capables de distinguer un style d’une manière et je dirais même qu’ils ne se sont jamais posé la question de savoir quelle était cette différence. Ils pensent qu’une œuvre, grâce à l’emploi de matériaux ou de procédés plus ou moins nouveaux tels entailles, collages, trous, déchirures ou, au mieux de symboles (je dis bien symboles et non signes) répétés sur chaque toile, est artistiquement valable.


Il est relativement aisé d’imposer une manière par la répétition constante d‘un même procédé. L’œuvre devient alors facilement reconnaissable, mais le véritable connaisseur veut et doit connaître et pas seulement reconnaître. L’artiste digne de son nom, lui, doit avoir un style et le style s’oppose entièrement à la manière. Le style, c’est d’avoir une personnalité suffisamment forte pour marquer ses œuvres, justement sans avoir besoin d’une manière. Je crois que les 15 peintres que j’ai choisis sont de ceux-là. On peut, si on le veut bien, connaître leur langage à travers tous les procédés qu’ils emploient pour s’exprimer, car la connaissance de la peinture comme le disait Picasso, « c’est comme le chinois, ça s’apprend ».

Jean Pollak. 1964